Comment alléger son texte sans l'appauvrir
Christine LAUGIER |
simplifier, lisibilité, raccourcir, dynamiser, style, rédaction |
L’art d'alléger sans appauvrir
Alléger un texte, ce n’est pas le vider de sa substance. C’est le rendre plus lisible, plus fort, plus percutant.Mais attention : alléger ne veut pas dire “faire court à tout prix”. C’est un travail fin, stratégique, qui consiste à aller à l’essentiel sans sacrifier ni le sens ni la nuance.
Pour les rédacteurs et traducteurs professionnels, il s’agit d’une compétence essentielle. Dans cet article, je vous montre comment couper et alléger — pas trop, pas trop peu — grâce à des techniques concrètes et des exemples parlants.
1. Pourquoi raccourcir ?
Un texte trop long :- fatigue le lecteur,
- dilue son message,
- donne une impression de confusion ou de manque d’assurance.
Mais attention au piège inverse : un texte trop “épuré” devient sec, désincarné, voire creux.
La solution ? Raccourcir sans appauvrir. Garder l’essentiel, tout en gagnant en impact.
2. Supprimez ce qui ne dit rien
Certains mots ou groupes de mots remplissent sans rien apporter. Ils créent du flou, ralentissent le rythme, encombrent le message.Exemples :
- "Afin de" → "pour"
- "De manière à" → "pour"
- "Au niveau de" → souvent inutile ou remplaçable par une préposition simple ("sur", "dans", etc.)
- "Il convient de noter que" → presque toujours supprimable
Après : La réunion du service communication est reportée.
Résultat : une phrase plus courte, plus directe, plus claire — avec exactement la même information.
3. Évitez les redondances déguisées
Parfois, on répète la même idée… sans s’en rendre compte.Exemples fréquents :
- "collaborer ensemble" (une collaboration est forcément collective)
- "prévoir à l’avance" (prévoir implique l’anticipation)
- "résultat final", "situation actuelle", "moment présent"
Après : Nous avons prévu une solution alternative avec les services concernés.
Résultat : 16 mots au lieu de 23, et plus de clarté. Rien n’a été “enlevé” : on a juste retiré le doublon inutile.
4. Faites confiance à votre lecteur
Beaucoup de longueurs viennent de la peur de ne pas être compris·e. On répète, on reformule, on enrobe.Mais vos lecteurs et lectrices sont capables d’inférer du sens. Laissez-leur un peu d’espace.
Ne dites pas trois fois la même chose pour être sûr·e d’être compris·e.
Avant :
Ce guide, conçu pour être simple d’utilisation, s’adresse à tous les utilisateurs, y compris ceux qui ne sont pas familiers avec ce type de support. Il vise à les accompagner pas à pas, étape par étape, dans leur prise en main de l’outil.
Après :
Ce guide simple d’utilisation accompagne tous les utilisateurs, même débutants, dans la prise en main de l’outil.
Résultat : plus compact, plus net, et tout aussi inclusif.
5. Reformulez plutôt que de couper à la hache
Parfois, il ne suffit pas de supprimer. Il faut réécrire pour condenser sans perdre la richesse du message.Avant :
Le nouveau dispositif a été mis en place dans le but de renforcer les liens de coopération entre les différents départements qui travaillent actuellement sur ce projet commun.
Après :
Le nouveau dispositif renforce la coopération entre les départements engagés dans ce projet.
Même idée, même portée, mais :
- une phrase deux fois plus courte,
- des verbes plus forts,
- une construction plus fluide.
6. Osez le découpage
Quand on veut condenser, on pense à supprimer, mais on oublie parfois de découper.Une phrase longue peut gagner en clarté si elle est divisée en deux phrases courtes.
Avant :
Le rapport, rédigé par l’équipe projet au cours du mois d’avril, vise à faire un point d’étape sur l’avancement des travaux, tout en proposant des pistes d’amélioration pour la suite.
Après :
Rédigé en avril par l’équipe projet, le rapport fait le point sur l’avancement des travaux. Il propose aussi des pistes d’amélioration pour la suite.
Résultat : deux phrases plus légères, plus digestes, plus lisibles — sans rien perdre du fond.
7. Ne traquez pas que les mots : traquez le rythme
Un texte bien condensé, ce n’est pas qu’une question de longueur. C’est aussi une question de rythme : trop lent, on décroche ; trop rapide, on ne suit pas.
Visez un équilibre : alternez phrases brèves (pour l’impact) et phrases plus longues (pour dérouler une idée).
C’est cette respiration qui rend la lecture fluide — même avec peu de mots.
En résumé
✔️ Alléger ce n’est pas faire court, c’est faire juste.✔️ Supprimez le superflu, pas la substance.
✔️ Évitez les redondances, coupez l’inutile, reformulez l’essentiel.
✔️ Visez la densité, pas la sécheresse.
Résultat : des textes plus lisibles, plus efficaces, plus clairs — et surtout, plus agréables à lire.
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