Traduire en écoutant la musique qui va avec ;-)

Christine LAUGIER

musique

Comment s’est formé votre trio de traductrices ?
Magali et Cathia collaboraient déjà sur des projets de traduction dans le domaine musical mais de façon ponctuelle. Nous avons décidé de mutualiser notre prospection pour explorer davantage ce marché, et nous avons naturellement proposé à Claire, musicienne et traductrice, comme nous, de se joindre à l’équipe.


Quelles sont vos langues de travail et votre spécialité commune ?
À nous trois, nous travaillons depuis l’anglais, l’allemand, l’espagnol et l’italien vers le français, et nous couvrons des aspects variés de ce domaine : théorie musicale, histoire de la musique, musiques contemporaines, lutherie, etc.

Est-ce qu’ils vous arrivent de collaborer sur un même projet de traduction ? Si oui, de quelle façon ?
Oui, cela nous arrive. Dans ce cas, l’une de nous traduit, une autre révise ; il s’agit même de notre mode de collaboration le plus fréquent.

Quel type de documents êtes-vous amenées à traduire ?
À ce jour, nous traduisons surtout des énoncés d’examens de théorie musicale, ainsi que des textes accompagnant des partitions : préfaces, biographies de musiciens, indications pour les instrumentistes. Nous sommes aussi amenées à traduire d’autres types de documents, par exemple des articles « pointus » pour une revue de musique expérimentale, le site web d’un luthier, des textes de marketing pour un fabricant de cordes de violon…

Quelles sont les spécificités des textes que vous traduisez ?
1. La complémentarité avec la partition, qui donne parfois des indices pour trouver la bonne traduction. Il faut donc savoir lire la musique !
2. La typographie. En français musical, par rapport au français normal, il y a une couche de règles typographiques à respecter en plus.
3. Le plurilinguisme. Nos textes fourmillent de termes en d’autres langues que le français, et il faut savoir lesquels se traduisent. Le plus souvent, il ne faut pas y toucher : un pizzicato reste un pizzicato, un flatterzunge reste un flatterzunge, etc. La langue du jazz est pleine de mots anglais. On rencontre aussi du latin, du russe… Bien sûr, à chaque fois, il faut aussi décider si on écrit ces termes en italique ou non (voir point n° 2) !
4. Les tournures idiomatiques propres aux musiciens : les musiciens ont leur propre manière de dire les choses. Si l’on passe à côté de ces tournures, notre texte « sentira » tout de suite la traduction. Par exemple, les trompettistes diront très rarement qu’ils ont « fait un couac » mais plutôt qu’ils ont « mis un pain », « craqué l’aigu » ou « tapé à côté », selon le cas. Autre exemple : on ne traduira pas « go back to the sign » par « revenir au signe », mais plutôt par « reprendre au dal segno » (à l’oral parfois : « remonter au dal segno », quand le   se trouve tout en haut de la partition à gauche…). Au passage, nous avons un faible pour ce signe musical très esthétique, que nous avons choisi pour emblème.

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans la traduction de contenus sur le thème de la musique ? et le moins ?
Ce qui nous plaît le plus, c’est le sentiment de maîtriser notre sujet à fond, et de pouvoir traduire en écoutant la musique qui va avec ;-) Il n’y a rien qui nous plaise « moins » !

Quel est le profil de vos clients  ?
Ce sont des gens qui travaillent dans la musique et ont besoin de communiquer en français. Nous travaillons par exemple pour des institutions culturelles, des maisons d’édition musicale, des luthiers.

Qu’est-ce qui vous semble le plus difficile dans votre métier de traductrices spécialisées en musique ?
Comme dans tout domaine, les textes que nous traduisons peuvent être techniques et demander un vrai travail de recherche non seulement terminologique, mais aussi de compréhension du geste musical. Cela peut être difficile lorsque nous ne jouons pas de l’instrument en question, la guitare par exemple !

Au-delà de cette spécialité, proposez-vous d’autres spécialités ou d’autres prestations de service ? Si oui, lesquelles et pourquoi ?
Oui, nous avons toutes d’autres spécialités.
Nous travaillons toutes les trois dans les domaines de l’action humanitaire et des droits de l’homme. En plus de cela, Cathia possède une certification en traduction juridique et maîtrise le droit des contrats ; Claire est spécialisée dans les ressources humaines, et Magali traduit beaucoup autour du thème de la citoyenneté numérique. La musique est une spécialité « passion », qui nous permet d’allier nos compétences de musiciennes et de traductrices et que nous avons à cœur de développer.

Vous considérez-vous comme des traductrices épanouies ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?
Oui, nous sommes tout à fait satisfaites d’avoir choisi ce métier. Et en cas de baisse de moral, nous pouvons toujours prendre nos instruments et jouer un morceau !

Selon vous, c’est quoi une bonne traduction ?
C’est un vrai sujet de philo, mais nous ferons court. Une bonne traduction, c’est une traduction qui passe inaperçue, c’est-à-dire qui se lit comme un texte écrit directement en français !

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