La traduction audiovisuelle, un exercice quasi-musical !

Christine Laugier

traducteur-adaptateur, traduction audiovisuelle, série, documentaire


C'est au sein de La Perruche, l'espace de coworking des Grands Voisins où je travaille depuis trois ans, que j'ai rencontré Gwénaëlle Buchet, traductrice spécialisée dans le doublage et le sous-titrage de contenus audiovisuels.

Comment es-tu devenu traductrice ? Quel a été ton parcours ?
J’ai suivi des études d’anglais, langue littérature et civilisation étrangères, tout en continuant à étudier l’allemand et en privilégiant toutes les occasions de passer du temps dans les pays où ces langues sont parlées. J’ai su très tôt que la traduction était l’exercice qui me passionnait le plus : trouver le mot juste, jouer avec les mots et les subtilités d’une langue, c’est un bonheur au quotidien ! Et cela fait maintenant 10 ans que je suis à mon compte en tant que traductrice.

Quelles sont tes langues de travail et ta spécialité ?
Je travaille depuis l’anglais et l’allemand vers le français, ma langue maternelle. Je me suis spécialisée dans la traduction audiovisuelle

Quel type de documents es-tu amenée à traduire ?
J’écris la version française de séries (de fiction ou documentaires) : j’en adapte les dialogues et les voix off pour rendre ces œuvres compréhensibles par un public français. Je traduis aussi des notes d’intentions dans le domaine de la publicité.

Quelles sont les spécificités de la traduction audiovisuelle ?

Le traducteur audiovisuel est appelé « auteur-adaptateur », ce qui reflète la dimension créative de sa tâche ! En doublage comme en sous-titrage, il faut savoir jouer avec les contraintes pour offrir au public une expérience la plus complète et la plus juste possible de l’œuvre qu’il regarde. Cela veut dire faire constamment la balance entre naturel et synchronisme pour le doublage, et savoir s’appuyer sur l’image pour ne garder que l’essentiel et respecter la vitesse de lecture en sous-titrage.

Qu’est-ce qui te plait le plus dans la traduction audiovisuelle ? et le moins ?
J’adore le côté ludique du doublage. C’est une véritable gymnastique intellectuelle de trouver l’expression qui convient au personnage que l’on fait parler, celle qui correspondra à ses mouvements de bouche et surtout à son rythme d’élocution… C’est un exercice quasi musical ! Je suis d’ailleurs fascinée par le travail des comédiens de doublage, qui vont ensuite donner vie à ces répliques. J’essaie d’assister aux enregistrements et d’échanger le plus possible avec l’équipe présente en studio - directeur artistique, comédiens et ingénieurs du son, pour mieux saisir les contraintes qui sont les leurs et pour fluidifier mon écriture.
Ensuite, le plus difficile dans ce métier est sans doute la dégradation constante des conditions de travail. Les tarifs sont toujours plus bas et les délais toujours plus courts… ce qui finit par avoir un impact sur la qualité des adaptations produites !


Qui sont tes clients ?
Je travaille majoritairement pour des laboratoires de post-production, qui prennent en charge pour les chaînes télévisées toutes les étapes de l’adaptation d’un programme, ainsi que pour des sociétés de production audiovisuelle qui répondent aux appels d’offre des agences de communication.

Qu’est-ce qui te semble le plus difficile dans ton métier de traductrice audiovisuelle ?
Outre la précarité dont j’ai déjà fait mention, c’est l’isolement qui est peut-être le plus difficile à vivre. C’est une profession que beaucoup d’auteurs exercent seuls, depuis leur domicile, en ayant peu de contacts « directs » avec leurs collègues ou avec leur clients. Ayant la chance de travailler aux Grands Voisins et d’être très bien entourée, je sais aujourd’hui à quel point la force d’un réseau bien vivant est cruciale en terme d’équilibre, d’efficacité et de défense de nos intérêts communs !

Au-delà de la traduction audiovisuelle, proposes-tu d’autres prestations de service ? Si oui, lesquelles et pourquoi ?
Je traduis également des articles et contenus de sites internet ayant trait à la culture ou à l’économie sociale et solidaire, des domaines qui me tiennent à cœur.
Je propose aussi des services de rédaction, de relecture et d’étoffement, notamment de notes d’intentions, en m’appuyant sur dix années d’expérience de traduction en la matière.


Te considères-tu comme une traductrice épanouie ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?
C’est un grand OUI ! Je suis comblée par la diversité et la richesse des contenus que je traduis. C’est un métier dans lequel on a peu de chance de s’ennuyer !
La précarité de notre statut d’auteur et/ou d’indépendant est toutefois inquiétante, surtout en période de crise… Je ne saurais donc trop recommander à ceux qui exercent cette profession de se regrouper au sein d’associations qui permettent le partage d’informations, de bonnes pratiques et la défense de nos intérêts, comme l’ATAA, par exemple, dont je salue ici le travail.


Selon toi, c’est quoi une bonne traduction ?
Excellente question ! Pour moi, une bonne traduction est une traduction qui se fait oublier. Si on la remarque, c’est qu’on a raté quelque chose !

 


Recent Articles

Share On